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ChatGPT au quotidien : ce que l’usage dit vraiment

Et si on regardait enfin les usages réels de l’IA, au lieu de fantasmer sur ses dérives ?

Le rapport How People Use ChatGPT, publié par le National Bureau of Economic Research, constitue la première étude économique fondée sur l’analyse automatisée de plus d’un million de conversations anonymisées. Il révèle, loin des spéculations médiatiques ou des anecdotes virales, la réalité de l’usage de ChatGPT à l’échelle mondiale entre mai 2024 et juin 2025. Et cette réalité est encourageante.

1. L’usage privé domine : normalisez votre curiosité

En un an, les messages non liés au travail sont passés de 53 % à 73 % du volume total. Cette bascule ne s’explique pas par l’arrivée de nouveaux utilisateurs, mais par une évolution des pratiques chez les usagers existants. Autrement dit, même ceux qui avaient commencé à utiliser ChatGPT dans un cadre professionnel se tournent aujourd’hui vers des usages plus personnels.

Ces usages couvrent un spectre très large : organisation familiale, conseils de santé, éducation des enfants, introspection, expression émotionnelle, voire jeux de rôles. Le rapport souligne que seuls 1,9 % des messages relèvent de la sphère émotionnelle et 0,4 % des jeux de rôle, contrairement à ce que laissent entendre certaines caricatures.

Ce constat est sans appel : utiliser ChatGPT pour soi, c’est adopter une technologie qui s’ancre profondément dans nos vies quotidiennes. Et il est grand temps de le dire haut et fort : il n’y a aucune honte à poser des questions privées à une IA.

2. Trois usages structurants : guide, moteur, scribe

L’étude identifie trois usages majoritaires, représentant à eux seuls près de 80 % des conversations :

  • Guidance pratique (29 %) : tutorat, conseils personnalisés, organisation, créativité ;
  • Recherche d’information (24 %) : requêtes factuelles, proche du moteur de recherche ;
  • Écriture (24 %) : génération, correction ou traduction de textes.

Fait marquant : deux tiers des messages liés à l’écriture concernent la modification d’un texte fourni par l’utilisateur. Le modèle agit donc comme assistant rédactionnel – relecteur, traducteur, éditeur – bien plus que comme un auteur génératif. Dans le contexte professionnel, l’écriture représente à elle seule 40 % des messages.

Cette réalité confirme que l’écriture constitue le cœur des compétences des modèles de langage, avec une capacité unique à produire des contenus structurés, longs, cohérents. Et surtout : utiles.

« Nous constatons que les tâches liées à lécriture représentent une fraction importante de lutilisation, les tâches de synthèse et dédition dominant la création de nouveaux contenus ».

«We find that writing-related tasks account for a significant fraction of usage, with summarization and editing tasks dominating over new content creation».

Dans ce domaine, la rédaction de résumés fait figure de cas d’école. L’étude révèle que la majorité des tâches d’écriture ne sont pas des créations originales, mais des modifications de texte existant, incluant l’édition, la critique, la traduction et… la synthèse de documents. Mais attention : résumer avec une IA ne garantit pas que l’on obtiendra l’essentiel, surtout si l’on ne guide pas le processus.

Comme je l’explique dans un autre article intitulé L’IA ne résume pas, elle raccourcit, la plupart des modèles fonctionnent en compressant les contenus de manière proportionnelle, en préservant les grandes masses mais en escamotant parfois les détails clés. C’est une erreur de conception fréquente : croire qu’un résumé généré automatiquement est une synthèse intelligente, alors qu’il s’agit souvent d’un raccourci statistique.

Dans mes formations, j’enseigne cinq méthodes simples pour éviter ces écueils : formuler une requête ciblée, adopter une approche multi-étapes, structurer ses prompts, combiner différents niveaux de résumé, et surtout, je donne à mes participants un accès exclusif à un customGPT conçu pour les aider à mettre en œuvre ces techniques. Ce compagnon IA, paramétré pour la synthèse stratégique, devient un véritable allié dans la production de résumés efficaces et adaptés à leurs besoins.

3. Une qualité perçue en amélioration continue

Le rapport montre une amélioration constante de la qualité perçue par les utilisateurs. Les messages de type Asking (demande d’information ou de conseils) sont ceux qui reçoivent les meilleurs retours, avec une nette progression sur la période analysée. En juillet 2025, les interactions jugées « bonnes » étaient quatre fois plus nombreuses que celles jugées « mauvaises ».

C’est un point fondamental : l’outil s’améliore à mesure qu’il est utilisé. Loin d’un effet de mode, nous assistons à une maturation technologique continue, qui renforce la pertinence et la fiabilité des réponses.

Une réalité plus riche que les caricatures

Le rapport montre que l’impact de ChatGPT dépasse largement la seule sphère professionnelle. Il s’infiltre dans les gestes du quotidien, accompagne la prise de décision, soutient l’apprentissage, facilite l’organisation personnelle. Et il le fait à grande échelle : 700 millions d’utilisateurs hebdomadaires dans le monde, plus de 2,5 milliards de messages par jour en juillet 2025.

Alors non, l’IA ne se limite pas à générer des dissertations pour tricheurs ou à simuler des discussions farfelues. Elle s’impose comme un véritable outil de soutien – discret, efficace, et de plus en plus apprécié. Laissons donc de côté les caricatures et regardons les usages réels : ils dessinent une IA ancrée dans la vie des gens, au service de leur efficacité et de leur créativité.

À noter sur les auteurs : ce rapport n’est pas le fruit d’un seul laboratoire académique : plusieurs de ses auteurs sont ou ont été employés par OpenAI. Aaron Chatterji y indique qu’il a rédigé le papier dans le cadre de ses responsabilités chez OpenAI, et Zoë Hitzig est mentionnée comme employée à temps plein de l’entreprise. Cela ne remet pas en cause la valeur des résultats, mais cet alignement institutionnel mérite d’être précisé par soucis de transparence.