L’essor rapide de l’intelligence artificielle (IA) a bouleversé l’économie mondiale, créant des opportunités sans précédent mais aussi des risques considérables. Pour les entreprises françaises, une question essentielle se pose aujourd’hui : faut-il investir dans l’IA chinoise, au risque de financer un rival stratégique ? Ce dilemme est au cœur d’un récent dossier de l’Ifri intitulé “Financer son rival. Quand les États-Unis et l’Europe investissent dans la tech chinoise”, rédigé par Mathilde Velliet.
Une croissance technologique fulgurante en Chine
Depuis deux décennies, la Chine est devenue un acteur incontournable dans le domaine de l’IA. Portée par des politiques gouvernementales ambitieuses et des investissements massifs, la Chine a su s’imposer comme l’un des leaders mondiaux de l’innovation technologique. Le dossier de l’Ifri souligne que parmi les quatre secteurs technologiques jugés stratégiques pour l’avenir – intelligence artificielle, biotechnologies, semi-conducteurs et quantique –, l’IA attire une grande partie des investissements étrangers, notamment européens et américains.
Cependant, cette montée en puissance s’accompagne de préoccupations croissantes en matière de sécurité nationale, tant en Europe qu’aux États-Unis. L’IA n’est pas qu’un secteur de croissance ; elle est également au cœur de la compétition stratégique entre grandes puissances, notamment en ce qui concerne ses applications militaires et de renseignement. C’est dans ce contexte que les investissements français et européens dans l’IA chinoise sont examinés à la loupe.
Des chiffres qui interpellent
Le dossier de l’Ifri révèle que, bien que modestes en comparaison des flux d’investissements chinois, les investissements européens dans l’IA chinoise ne sont pas négligeables. Sur la période 2003-2023, 36 transactions ont été réalisées par des entreprises françaises, principalement concentrées dans l’IA. La France se distingue en particulier grâce au fonds Cathay Capital, qui est devenu le principal investisseur européen dans ce secteur en nombre de transactions.
Pourtant, ces chiffres doivent être mis en perspective. Au total, seuls 12 % des cycles de financement dans les secteurs stratégiques en Chine (IA, biotechnologies, semi-conducteurs, quantique) impliquent des investisseurs européens ou américains, les investisseurs chinois dominant largement le marché avec 77 % des transactions dans l’IA, 78 % dans les semi-conducteurs et les biotechnologies, et 84 % dans le quantique.
Opportunités d'investissement : un marché prometteur
Investir dans l’IA chinoise offre des avantages indéniables. Le marché chinois, grâce à sa taille et à son dynamisme, représente une opportunité pour les entreprises qui cherchent à se positionner sur le long terme. L’IA en Chine a attiré des investissements massifs, tant de la part des acteurs locaux que des investisseurs étrangers, ce qui a permis une croissance rapide et le développement d’innovations technologiques majeures. Par exemple, des entreprises comme Didi, spécialisée dans les solutions de mobilité intelligentes, ont levé plusieurs milliards de dollars auprès d’investisseurs internationaux.
L’essor de l’IA en Chine est également soutenu par une forte demande interne et une stratégie industrielle nationale ambitieuse, le plan “Made in China 2025”. Ce programme vise à faire de la Chine un leader mondial dans plusieurs secteurs technologiques, dont l’IA. Pour les entreprises françaises, participer à cette dynamique peut offrir des retours sur investissement significatifs, ainsi qu’un accès privilégié à un marché en pleine expansion.
Les risques : la face cachée de l'investissement
Cependant, ces opportunités s’accompagnent de risques importants. Investir dans l’IA chinoise revient à financer, directement ou indirectement, un rival stratégique qui pourrait utiliser ces technologies à des fins militaires ou pour renforcer sa domination économique. Les États-Unis ont d’ailleurs pris des mesures pour limiter les investissements dans certains secteurs technologiques en Chine, notamment l’IA, en raison de préoccupations liées à la sécurité nationale.
Le dossier de l’Ifri souligne également le manque de transparence qui entoure ces flux d’investissements. La complexité des structures de capital-investissement et la dissimulation des véritables intentions des acteurs impliqués rendent difficile l’évaluation des risques. Dans certains cas, les entreprises françaises pourraient se retrouver à investir dans des entités chinoises ayant des liens avec l’armée ou des objectifs peu clairs.
Une citation du dossier résume bien cette problématique : “La complexité et le manque de données disponibles conditionnent toute velléité d’action politique à un investissement renouvelé dans les capacités d’analyse des États.” Cette phrase met en lumière le défi pour les gouvernements européens, et par extension pour les entreprises, de s’engager dans des investissements en Chine tout en assurant la protection de leurs intérêts stratégiques.
Le dilemme des entreprises françaises
Face à ces enjeux, les entreprises françaises doivent peser soigneusement le pour et le contre. D’un côté, l’IA chinoise offre des perspectives de croissance et d’innovation qui peuvent être difficiles à ignorer. D’un autre côté, les risques associés à ces investissements, tant sur le plan éthique que stratégique, sont considérables.
Il est donc crucial pour les entreprises françaises de développer une stratégie claire en matière d’investissements technologiques. Cela passe par une évaluation rigoureuse des partenaires chinois potentiels, une vigilance accrue quant aux liens avec le gouvernement ou l’armée, et une réflexion approfondie sur les implications à long terme de ces investissements.
En conclusion, le dossier de l’Ifri rappelle que chaque choix comporte des conséquences. Comme le dit un proverbe chinois : “Prends garde à l’eau qui dort et à l’homme qui se tait.” Ce proverbe met en garde contre les dangers cachés et les intentions dissimulées – une leçon précieuse pour quiconque envisage d’investir dans l’IA en Chine.
![contactez moi](https://iaenaction.fr/wp-content/uploads/contact-wide--1024x296.jpg)
Les réponses aux questions posées dans ce questionnaire sont nécessaires et seront utilisées uniquement pour répondre à votre demande de contact. Les informations recueillies sont destinées exclusivement à la société Absilis (propriétaire du site iaenaction.fr), responsable du traitement de ces données. Conformément au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), vous disposez des droits d’accès, de rectification, et de suppression des informations qui vous concernent. Vous avez également le droit de retirer votre consentement au traitement de vos données à tout moment, ce qui inclut le droit de demander que nous cessions de vous contacter si vous avez opté pour cette possibilité. Pour exercer ces droits ou pour toute question sur le traitement de vos données, vous pouvez contacter Absilis par email à contact @ absilis.fr. Nous nous engageons à garantir la sécurité et la confidentialité de vos données personnelles. Aucune information n’est publiée, échangée, transférée, cédée ou vendue à des tiers sans votre autorisation explicite. Seule l’hypothèse du rachat d’Absilis et de ses droits autoriserait la transmission de ces informations à l’éventuel acquéreur qui serait également tenu de la même obligation de conservation et de modification des données. Nous vous remercions pour votre confiance.